PRESS/REVIEWS

AXESS CODE (by Epoque) nov 2013

Madness & Miracles

« A bien des égards, Arnaud Coëffic a.k.a. Arco Trauma est un « personnage ».
La notion de « personnage » est d’ailleurs au centre de son processus créatif, comme nous allons le voir un peu plus bas ; mais j’aimerais d’abord revenir brièvement sur ses précédentes productions. En effet, l’EP dont je vous parle aujourd’hui vient s’ajouter à une œuvre particulièrement complète, qui ne cesse de s’étoffer depuis 1997.
Avec Explore (2007), Arco surprenait déjà par la variété et la richesses de ses différents morceaux. Le titre d’ouverture « Que les larmes me viennent » évoquait le meilleur du Dark Hip-hop atmosphérique façon Dälek alors qu’un morceau comme « les caresses du serpent » développait une trame plus expérimentale aux sonorités ethniques.
Mais cette agréable hétérogénéité n’empêchait pas l’album d’être parfaitement cohérent dans son ensemble, et il subsistait après écoute, comme son titre le laissait supposer, la sensation d’avoir accompli un véritable voyage sonore.
A coté de ça, Arco multipliait les prestations scéniques remarqués, en concert ou dans des festivals, enchantant les auditeurs. J’ai moi-même connu un moment bouleversant avec son morceau « Nous n’avons pas d’autres choix » qui encore aujourd’hui me fait « venir les larmes » tant il incarne tout ce que j’ai toujours aimé, et que je ne cesserais d’aimer dans cette musique. Les vagues de sons qu’envoie Arco en live sont tétanisantes, violentes et elles sont à l’image de la puissance d’Audiotrauma, le label co-fondé avec Syco Trauma.
Plus qu’un virage, c’est plutôt une lente métamorphose que le projet va subir alors peu à peu. Au travers des lives et de l’album Phénomédia avec Punish Yourself (2010) et de son récent Music for ghost (2012), musicalement, Sonic Area se fait moins expérimental mais va vers une théatralisation de ses ambiances .
A l’image de cette dernière, on retrouve l’idée de personnage dans ses lives récent, où il incarne une forme de chimérique incarnation cauchemardesque (si, si) masquée qui vient littéralement faire corps avec les sons qui accompagnent son sinistre ballet.
Fort de ces expériences visuelles et sonores, Arco revient aujourd’hui, donc peu de temps après, avec cet EP nommé Madness and Miracles.
A l’image de la richesse de son parcours, cette nouvelle oeuvre propose quatres titres complètement differents, quatre ambiances uniques dont je vais vous parler un peu.
La plage d’ouverture, « The Moonlight Express », épouse complètement l’idée de « mise en scène », les sons se dessinent au cœur d’une fresque progressive particulièrement cinématographique. Une tension palpable en émane, entrecoupée d’accalmies du plus bel effet. On imaginerait presque ce morceau composé par un Hans Zimmer « Audiotraumatisé » tant le tout fait furieusement penser à la mémorable bande original de The Dark Knight. Je ne serais pas étonné de retrouver ce premier morceau en introduction d’un futur concert.
Le second morceau est pour le moins surprenant. On trouve ici un savant mélange de percussions tribales et d’ambiances ethniques sur fond d’implacables rythmiques, qui évoquent autant Twinkle (à quand un nouvel album, bordel !) que le This Morn’ Omina de la belle époque Le Serpent Blanc – Le Serpent Rouge. On retrouve la dimension épique du précédent morceau, la puissance du synth-lead venant gorger ce « Sacrifice for Sun» d’une essence mélodique formidable, emportant l’auditeur dans un rituel « substance » jouissif. Pour le coup, ce morceau en est, du coup, beaucoup trop court ; même si il est préférable de terminer sur une bonne frustration que sur une mauvaise lassitude, on aimerait que l’expérience se prolonge un peu.
« The Abandoned Nautilus » tranche à nouveau complètement avec ce qui précède en délaissant rythmiques et épiques élancés au profit d’une plage « ambient » qui embarque l’auditeur dans un voyage vers les profondeurs aquatiques. Si l’on suit les thématiques de Sonic Area et que l’on tend l’oreille, ce morceau évoque plus à mon sens le claustrophique « Bioshock », œuvre vidéoludique marquante qui présentait une cité « distopique » en ruine, au fin fond des mers, que le film de Richard Fleischer (encore que la vision chimérique et effrayante du Nautilus dans ce dernier rejoindrait le thème de « l’apparition » que l’on retrouve dans le précédent album).
Le voyage est donc encore une fois au cœur du sujet ici, mais qu’en est-il du dernier morceau ?
Depuis que j’écoute les productions Audiotrauma (cela commence à faire un petit bout de temps, mine de rien) j’ai une exigence à chaque parution.
Il me faut, sur chacun de leurs albums, au moins un morceau qui se présente comme le traumatisme auditif (dans le bon sens du terme) justifiant l’appellation du label.
Des morceaux dans la veine de « Nous n’avons pas d’autres choix » ou encore de l’incroyable « Once more unto the breach dear friends » présent sur Music for Ghosts.
« Sirens in the sky » est de cette trempe là.
Il est ce genre de « trip » sonore qui grille les neurones et aromatise l’esprit, un vrai « fix de son », qui ne péchera, encore une fois, que par sa courte durée.
Que l’on connaisse ou pas Sonic Area, on a toutes les raisons de se pencher sur cet EP. Le Néophyte y découvrira une très bonne synthèse de l’oeuvre d’Arco, variée et riche, démontrant très clairement toutes les possibilités de ce projet, là où le fan invétéré retrouvera avec plaisir les ambiances qui lui sont chères, les puissantes envolées lyriques et les thématiques profondes de ce grand musicien.

FEAR DROP

Music for Ghosts

Le XXe siècle naissant, avant d’entrer dans l’ère de la tuerie de masse, est encore teinté de décadentisme, et porte le fardeau des paradoxes que le premier siècle du progrès accéléré lui a légués. Le positivisme éclaira ainsi la fin du XIXe, mais il n’est de lumière sans ombre, et de tardifs ersatz du romantisme, cousins désavoués du symbolisme, expriment la peur, l’inconnu, et le goût de l’au-delà. Parmi ceux-là, bien sûr, le spiritisme. Sonic Area a su, a voulu et a su magistralement, donner les impressions qu’une telle richesse symbolique, esthétique, technique produit encore sur nos esprits. Rencontre de deux modernités, l’actuelle mettant ses moyens au service des peintures de sa devancière, Music for Ghosts est comme la réponse électro au splendide Loss de Bass Communion. Mais comme électro est bien limitatif ! Mise en scène cinématographique, couleurs et brillances, travaux de rythmes et de mélodies, cordes, textures recomposées, font oublier toute référence de style obligé. Car l’album tout entier est une épopée, comme l’extraordinaire morceau d’introduction, Never Ever More, le fait comprendre : montée progressive, absorption (de l’absinthe ?), ritournelle, réchauffement des basses, des pitches aluminés, compression de l’air jusqu’à solidification, et déflagration. Des voix, déjà, dans cette brume de chaleur, semblent porter le récit de la lumière qui peine dans le brouillard des villes. Plus loin, de même que les Young Gods de la période L’eau rouge / Play Kurt Weil (tout comme les percussions de The Infernal Clockwork nous propulsent sur la Longue route, en direction du Nord d’Imminent Starvation), des orgues de barbaries, des valses bancales (The Living Carousel), replacent les images dans le cadran temporel, précédées d’invocations spirites. Partout, jusque dans ces images populaires, la mécanique resurgit par des pistons excités de vapeur, des presses nourries de sueurs métallisées. La construction des morceaux, leurs pauses, leur relief, œuvrent à la mise en scène des textures ciselées. Redisons-le, l’électronique est tout entière au service de ce film puissant où toutes les fumées s’enchevêtrent, où le métal prend les dessins précieux de l’Art Nouveau. Et par toutes les volutes, dans les remugles des chevaux vapeur, l’esprit hante, sous forme de voix lointaines parfois, d’un souffle trop organique pour appartenir encore à la machine, ectoplasme filant sous les ailes d’oiseaux apeurés, devançant les pas sur l’escalier (The Endless Staircase), accélérant la cadence cette fois tout électro du très stravinskien Eureka. On touche à ce moment à ce que Jérôme Soudan / Mimetic avait réussi brillamment sur son premier album Overrated. D’autres visions empruntent à la musique cosmique (Inframonde) ou au western façon John Barry (Seven) (Haunted Hall Motel Ballade)… Mais arrêtons ici les rapprochements qui, s’ils se forment bien à l’esprit, ne doivent pas être compris comme une liste de gimmicks, mais comme un voisinage de styles que Sonic Area visite pour servir son but, la façon d’un espace sonore hautement pictogène dans lequel le mouvement, le cœur, le souffle, le raffinement, formes d’un perfectionnement qui devrait chasser tout équivoque, révèlent bien au contraire l’ambigüité fantomatique, offrent fenêtre sur l’esprit dans la machine.
Denis Boyer
2012-11-07

Chroniques electroniques :
http://chroniques-electroniques.over-blog.com
Que ce soit en compagnie de son frère au sein de Chrysalide, avec Punish Yourself ou seul, Arnaud Coeffic a traîné ses guêtres d’éternel rebel sur les scènes de toute l’Europe. Bien qu’un peu en marge, son label Audiotrauma et son side project Sonic Area, ont toujours reçu le respect de la scène industrielle, et des labels majeurs qui constituent cette niche alternative. Je ne suis personnellement pas vraiment fan du côté « riot » et des postures un peu adolescentes pas toujours crédibles de Chrysalide, mais il faut reconnaître que le travail de Arnaud autour du son est énorme. Presque autant que sa vision de la musique industrielle et sa culture musicale au sens large. Qualités aussi rares qu’immenses, qui lui donnent toujours un coup d’avance (en matière de textures, de son brut et de puissance live), au sein d’une scène industrielle qui compte trop peu de Empusae, de Kirdec ou de Philipp Munsch. Ceux qui ont pu le voir au Noxious (autre fait d’arme d’Audiotrauma), à la Halle des Chars à Strasbourg ou au festival de la musique électro-industrielle de Paris, s’en souviennent encore. L’art de la mise en scène, associé à la puissance brutale, engendre même des comparaisons avec les regrettés X Makeena. Il fait de plus partie des artistes qui savent ne pas s’éparpiller. Sa discographie compte en douze ans : six albums dont une collaboration. Music for Ghosts jouit donc d’une certaine attente. C’est l’occasion d’une nouvelle association entre les strasbourgeois d’Audiotrauma et les bavarois de chez ant-zen.
Si cette Music for Ghosts est bien hantée de spectres plus ou moins flippants, on y préférera les moments teintés de romantisme sombre, où les poitrines opulentes des âmes déchues dégueulent littéralement de leurs cellules corsetées. Ou quand l’univers opaque de Lynch rencontre celui de Dario Argento. On ne saurait dire si les instrumentations classiques relèvent du pur sampling ou de compositions personnelles. Même si je pencherais pour ma part, pour la première hypothèse, il n’empêche que ces aspects classiques grandiloquents apportent un réel actif esthétique à l’ ensemble de l’oeuvre. Ce qui pourrait laisser penser que l’album est aussi, hanté par les névroses, les fantasmes et les hallucinations de son auteur.
La palette rythmique et sonore est impressionnante, comme souvent. Il n’y a qu’à constater les premières secondes très « sound design » de Never Ever More, les breaks de The Endless Staircase, ou cette habileté à cisailler la mélodie de blasts abrasifs sur l’excellent The Infernal Clockwork, pour se convertir au constat. On n’est pas là dans la bête et méchante enluminure, Arco est un véritable orfèvre du son. Même quand on persiste à dire qu’en général, les interludes ont peu d’intérêt ainsi qu’un définitif côté old-school, le voile craquelé autour du piano de Dead Muse a le don de poser le doute. Que dire de l’intraçable Eureka, entre déflagrations noise, mélopées Mozartiennes et inspirations baroques. Ceci doit en live, gagner encore en puissance et en maîtrise.
J’avais pourtant eu un peu peur, à l’écoute du néanmoins sympathique The Living Caroussel, qu’il se prenne les pieds dans le tapis en oscillant de la sorte, entre ses postures de chef d’orchestre et de Monsieur Loyal. Ce sursaut ré-apparaîtra au son des voix trafiquées de clôture, du pourtant très bon jusque là Middle Night Ballet, qui me rappellent un peu trop celles entendues sur le 2010 de Chrysalide, et qui confirme que n’est pas Atari Teenage Riot qui veut.
La deuxième partie de l’ensemble laissera la place à des titres extrêmement ambitieux, pour ne pas dire pharaoniques, dans la recherche des accointances entre l’Indus et les sphères classiques. L’oreille un peu trop critique, constatera peut-être que certains passages connaissent la lourdeur et les excès de certains vieux peplums italiens. Les autres ne retrouveront rien à redire aux imposants Inframonde et Haunted Hall Motel Ballade. Pour le deuxième cité, accueillons avec bonheur ce saxo venu de nul part, et ses drums un peu plus naturelles. Tout comme les vrilles improbables et la sans haleine épopée rythmique de The Magic Storytellers. L’album se fermera au son de la martiale et tragiquement sollenelle Funeral March Of An Empire.
Bien que souffrant à de très rares moments des excès de ses ambitions, Music For Ghosts est un bordel maîtrisé mais inétiquetable, et demeure une oeuvre aboutie et originale. Un album qui fait du bien aux sphères industrielles et à une certaine idée de l’indépendance. Bien loin donc, de ce qu’on peut parfois reprocher, plus ou moins honnêtement, à certaines facettes du label Audiotrauma. Un album recommandé, qui ne peut que profiter d’une seconde vie en live.

Noise mag (nov/dec2012)
5 années se sont écoulées depuis Explore, le dernier album de Sonic Area (ponctuées il est vrai par l’ovni Phenomedia en collaboration avec Punish Yourself), que l’on peut considérer comme l’un des plus ambitieux et inspirés projets industriel français. Music for ghosts était donc très attendu par les fans. Arnaud Coëffic, connu par ailleurs pour son implication dans le trio cyberpunk Chrysalide, propose ici un album concept sur le thème des spectres et autres phénomènes parapsychiques. Oscillant entre ambiances « grand guignolesques » et flippées (le morceau d’introduction « never ever more ») rappelant celle des vieux films d’horreur de la Hammer, Sonic Area ne délaisse pas pour autant les beats electroniques corrosifs et masssifs comme en atteste « the infernal clockwork ». Gros travail sur les atmosphères donc, science du sampling poussée à nouveau à son maximum (« manifest yourself »), sounddesign et production au rasoir, Arnaud Coëffic nous en donne pour notre argent et n’économise aucun de ces tricks pour nous convaincre une fois de plus de son talent d’homme-orchestre éléctronique. S’esssayant tour à tour au glitch, frayant du coté d’un dubstep malsain et hanté avec « the endless staircase », Sonic Area fait feu de tout bois jusqu’au spectaculaire « eureka », sorte de pilonnage rythmique à l’orchestration surchargée et un peu excessif, seul veritable bémol de cet album par ailleurs riche et varié. Notons l’excellent « haunted hall motel ballade » à l’ambiance oppressante et à l’intrumentation acoustique très réussie, ainsi que l’hypnotique « inframonde » rappelant l’univers sonore de John Carpenter.Arnaud Coëffic s’emploie à marier les instrumentations classiques (cordes, piano…) aux boucles éléctroniques les plus virulentes.Music for ghosts reste donc fidèle au son auquel nous a habitué Sonic Area, mais pousse toujours plus en avant l’experimentation entre electro et bande originale de film…Une musique incantatoire aux ambiences cinematographiques grandiloquentes…8/10

Obsküre mag
Sonic Area est Arnaud Coëffic. Avec Music for ghosts, Coëffic dépeint les affres. Sa programmation est fruit de trauma, tourmente. La perte et le souvenir sont en effet à l’origine de cette bande son oppressante,orchestrée et hypnotique, dont la robotique mouvance fixe un tableau psychique et hétéroclite : les empreints à l’histoire (« manifest yourself ») jouxte l’exhumation d’une mélancolie populaire pomulaire (la fête triste de « the living carousel », faisant tourniquoter la nostalgie de l’enfance). Du clair-obscur à des aplats virant au noir, Sonic Area compose une toile pleine de suggestions et de fantômes, entre low tempo de l’abysse et sursaut de l’urgence (« eureka »). La fixation de ces indicibles présences, clef peut être de l’expurgation, fonde en tout état de cause une oeuvre troublante et dont les instrumentations insufflent un héritage industriel à un jeu permanent sur la forme-jeu s’inscivant dans une spatialité paradoxale, nyctalope et encline au retro-futurisme (« inframonde »). Dans sa progression et son détail, minutieux, Sonic Area signe une résonnance picturale et riche, que la froideur ne suffira pas à définir. Le processus est intime et quelque part, universel.
Emmanuel Hennequin 85%

Par axesscode (par Pedro HIV+)
www.axesscode.com
Autant le dire tout de suite ça évitera les malentendus, je ne suis pas du tout fan de la musique des frères Arco & Syco à la base et pourtant le dernier album de CHRYSALIDE m’avait laissé sur le cul de par sa puissance et sa folie schizophrénique. Et il semblerait que le charme va opérer de nouveau en ce qui concerne ce nouvel album de SONIC AREA produit de main de maître par Arco solo.
Dés la 1ere écoute de l’objet je peux d’ores et déjà affirmer que c’est le meilleur album d’Arnaud Coeffic, en tout cas le plus beau et le plus cohérent. Un bel et étrange OVNI dans un paysage underground français aussi pauvre et anémié que le cadavre d’un fennec dans le désert du Sahara.
La musique de ce disque nous plonge dans les cauchemars opiacés d’un Arco qui aurait utilisé la machine à remonter le temps d’HG Wells pour aller boire quelques verres dans le vieux Paris 1900, fumant la pipe dans un sombre troquet là bas en compagnie de Lautréamont, Joris-Karl Huysmans ou Jean Lorrain.
Une immersion fantomatique teintée de couleur absinthe portant en elle un dixneuviémisme assumé (« manifest yourself » / « dead muse »/ « haunted hall motel ballade » / « thoses eternal seconds » / « middle night ballet » / « funeral march of an empire »).
L’écoute de cet excellent album fait penser à ce théâtre de la cruauté hypnotique qu’on retrouve dans la micro-scène WITCH HOUSE dont ce disque est fortement imbibé avec des petites mélodies hantées très fin de siècle qui me font penser à du EMPUSAE (« the living carousel », « the endless staircase », « the magic storytellers ») ou à des groupes comme SALEM ou ∆AIMON sur « once more unto the breach dear friends » tant l’ambiance est lente, noire et poisseuse, avec ces chœurs de fin du monde et ces synthés magistraux.
Dés le premier titre « never ever more » on sent délicieusement s’immiscer en nous les effluves bruitistes de sorciers du son hypnotique comme Prurient ou Necro Deathmort.
Nous invitant dans son cirque déglingué Sonic Area se plonge avec parcimonie dans des terres plus industrielles et travaille ses ingrédients dans la marmite de Salem pour en distiller une étrange potion magique qui nous rendrait presque accrocs à la magie noire.
« Infernal clockwork » suinte bon le hardcore lancinant rehaussé par une petite boîte à musique de film fantastique, ce titre aurait d’ailleurs très bien pu avoir sa place dans le dernier Chrysalide. Seul bémol sur  » euréka » que je trouve trop pompeux et emphatique au point d’avoir l’impression d’entendre la bande originale film de vampires hollywoodiens remixée par les décérébrés de MICROPOINT.
Pour le reste il faut avoir cet album dans votre discothèque ou alors c’est que vous n’avez rien à faire sur ce forum.

Vs-webzine
www.vs-webzine.com:
Les métalleux connaissent surtout le projet SONIC AREA pour sa contribution, sur l’album Phenomedia (2010) et sur scène, avec PUNISH YOURSELF. Mais pour les amateurs d’Indus/Noise/Ambient, le projet évoque tout autre chose. Il faut dire qu’Arco Trauma, également membre de CHRYSALIDE (qu’on a pu entendre remixer MORBID ANGEL) et co-fondateur du label Audiotrauma, mène d’une main de maître SONIC AREA depuis 15 ans, et le projet a déjà une bonne carrière derrière lui, avec une poignée de démos CD-R, deux albums ((Insensé) en 2004 et Explore en 2007), et aussi une centaine de concerts à son actif. Et en cette année 2012, SONIC AREA va prendre un nouvel envol et évoluer à sa manière. Avec un 3ème album, Music For Ghosts, déjà remarqué pour être sorti en collaboration avec le célèbre allemand Ant-Zen, référence européenne absolue en termes de Powernoise et Dark-Ambient. Et un album qui tranche avec l’ambient Indus/Noise des débuts pour une musique assez ambitieuse et originale.
« Music For Ghosts » : voilà qui annonce parfaitement la couleur d’un album onirique et lugubre, la bande-son d’un monde parallèle et calqué sur le nôtre où évoluerait des entités spectrales dansantes. « Et si vous pouviez voyager avec une machine à remonter le temps musicale H.G. Wells-esque qui fonctionne à la vapeur ? Et si Danny Elfman faisait une BO à la Blade Runner d’un film de David Lynch ? », voilà la vision qu’on nous propose et qui est bien proche de la réalité musicale proposée par SONIC AREA. Avec un fort esprit soundtrack de films fantastiques ou d’horreur, Arco Trauma nous emmène dans un monde résolument baroque et mélancolique, et pourtant dépouillé et apocalyptique. Music For Ghosts présente une musique électronique et industrielle bourrée d’arrangements et de sonorités classiques très bien intégrées, avec des ambiances on ne peut plus variées. Chacun des 14 morceaux possède sa propre identité et l’album est pourtant tout à fait cohérent. Au premier abord, on retiendra surtout les morceaux plus rythmés et percutants ou plus « noisy » comme l’ouverture parfaite avec « Never Ever More », le plus orienté Indus Rythmique « The Infernal Clockwork », l’excellentissime « Eureka », l’étrange « The Magic Storytellers » ou encore le plus glitch « Once More Unto the Breach Dear Friends ». Mais ce qui frappe, ce sont bien sûr les ambiances cinématiques de haut vol, en témoignent le côté « cabaret de l’horreur » de « The Living Carousel », le saxophone nocturne de « Haunted Hall Motel Ballade », ou le très épique final « Funeral March of An Empire », et bien sûr ces sonorités originales dispersées dans tout l’album. SONIC AREA a définitivement plus d’un tour dans son sac et complète son art indus/classique moderne avec de l’électronique léchée, avec le cristallin « The Endless Staircase », les plages au format interludes ou plus ambient très prenantes (comme « Middle Night Ballet »), et surtout le fantastique « Inframonde » d’une rare beauté.
Il me sera difficile de conclure clairement car Music For Ghosts fait appel au ressenti, à la capacité de se plonger dans un monde fantomatique qui ne ressemble à rien de connu. Il y a à boire et à manger et tout n’est peut-être pas parfait, surtout que la variété de l’ensemble fera qu’il y a à chaque fois un ou deux morceaux qui coincent. Mais en se plongeant sérieusement dans l’œuvre, on y trouvera forcément et au minimum des choses très intéressantes. Si SONIC AREA reste un projet destiné aux amateurs de musiques industrielles, noise et ambiantes, son aspect « musique de films » et son croisement avec de la musique classique moderne réussira probablement à toucher un plus large public. Il faut faire l’effort, mais j’encourage le tout un chacun de jeter une oreille à cet album original qui regorge de moments de grâce, et qui s’avère être un album d’Indus/Electro cinématique, à la fois rythmé et atmosphérique, particulièrement inventif en son genre. So now for the living let the dead come alive and shake your bed…
Rédigé par : ZeSnake | 15/20

Blackaudio
blackaudio.wordpress.com
Arnaud Coëffic of Chrysalide and Audiotrauma fame co-releases this latest project with the excellent Ant-Zen.  With an almost lucid fairy tale approach to electronica, fused to an alternative approach to the steam punk aesthetic, the resulting album presented crosses many a boundary whilst remaining tethered to an industrial platform.
Thematically rolling along like wired up cabaret of bizarre electronic performance, simplistic bleeps and beats provide a landslide of drama more often than not, as is blatantly evident and none more personified by the combination of ‘The Endless Staircase’ and ‘Eureka’; the latter oozing pomp and circumstance, that rides its overindulgences well.
There is an aura of genuinely original concepts throughout, which remains remarkably familiar to the listener.  A touch of the bizarre creeps within every nook and cranny, providing a diverse tapestry of styles that transcend a lot of modern day electronica; tiptoeing on the edges of the obscure, ever threatening to fall off the ledge.  The emphasis is heavy on waiting for the release to fall over and become a mash of wasted talent, indeed you are almost expecting a disaster to happen; the clever programming skills involved however are one step ahead and every chop and stab of lunacy is firmly chained to the floor.
“Music For Ghosts’ is one of those excellent albums that comes around rarely and should be embraced by all fans of obscure and playful electronica, with a penchant for industrial theatre.
9.5/10

Alternativmusik.de
Ein Album über Geisterhäuser, verhexte Jahrmärkte und paranormale Erscheinungen. Im Gothic-Bereich ist dieses Thema schon hundertmal behandelt worden und wäre nicht weiter interessant. Da Sonic Area aber aus dem Industrial kommen, sieht das schon ganz anders aus. Schon das Plattencover verrät: Man begibt sich in die Fin de Siècle-Zeit, das Absinthglas verspricht surreale Klangwelten. Und die gibt es auch: Die Musik des ausgehenden 19. Jahrhunderts wird mit elektronischen Klängen vermischt, was wie ein Filmsoundtrack wirkt. Der Film der vor dem inneren Auge abläuft scheint allerdings keine Konturen zu haben: Entweder er ist unscharf, das Geschehen spielt sich hinter einer Leinwand ab und man sieht nur die Schatten oder alles ist weichgezeichnet. Egal wie man es Beschreiben will, das Ergebnis bleibt gleich: Alles ist nur schemenhaft zu erahnen.
Das Ergebnis ist aber, dass man sich wie in einem Horrorfilm alter Schule fühlt, vielleicht sogar wie in einem Stummfilm, zu dem nur die Musik zu hören ist. Und in dem Film laden mal die Geister zum Ball ein (Eureka), zu obskuren Ritualen, bei denen man Aleister Crowley hört (Manifest yourself). Im Kreis dreht man sich auf Living Carousel und The endless staircase. Überraschend ist Haunted hall motel ballade, das auch in einen David Lynch-Film gepasst hätte. Zwischendrin gibt es immer wieder ruhige Momente, die nicht weniger gruselig wirken: Klaviere, Orgeln und Choräle sorgen für die notwendige Gänsehaut. Abgeschlossen wird das Album dann mit Funeral march of an empire, das sich irgendwo zwischen Cembalo, C64 und Trauermarsch bewegt.
Von der Musik für Geister sollten die Lebenden auch was haben. Gut also, dass es Music for Ghosts gibt und ein derartig faszinierendes Album geworden ist.

D-side
Trop souvent les albums collaboratifs échouent dans leur entreprise de creation d’un univers commun à partir des deux oeuvres distinctes. Soit l’un des deux participants prend le dessus, laissant à l’autre un simple rôle de faire valoir, soit les deux artistes sont si proches au départ que rien de particulier n’accouche d’une telle rencontre. Heureusement, ce n’est pas le cas de la collaboratioin très attendue entre Punish Yourself et Sonic Area, deux des fleurons de la scène underground hexagonale, et leur Phenomedia, tout en portant clairement la marque de ces deux auteurs, est plus, bien plus, que la somme de ces parties ! Phenomedia, pour tenter de résumer en quelques lignes un album somme, ce serait comme une réinvention pure et simple de toute l’histoire contemporaine vue par un alien gonzo défoncé à la Substance Mort qui écouterait à fond Skinny Puppy, Wagner, Foetus et in Slaughter Natives en même temps, tout en regardant de l’un de ces yeux pédonculés l’oeuvre complète de David Lynch en accéléré et en lisant de l’autre l’intégrale de Burroughs. Epatant, non ? Et ce n’est encore pas tout, car cette collaboration de malade menée par VX69 et Arco déroule sur ce sol mouvant un tapis de samples et de voix, de guitares, de tablas et de saxophones hurlants qui nous entrainent toujours plus loin dans les profondeurs labyrinthiques d’une oeuvre foncièrement psychotrope, et qui plus est contestataire (le monumental assemblage de samples de « dead idols island »). Oubliez Punish Yourself, oubliez Sonic Area, oubliez tout ce que vous croyez connaître, car rien, absolument rien ne peut vous preparez à Phenomedia. Vous voila prévenus !
Jean francois Micard ( D-Side 58 )

Connexion Bizarre
http://www.connexionbizarre.net/
« Explore » is the much-anticipated new offering of Sonic Area, the solo sound project of French sound artist Arnaud Coeffic, one of the founders of the Audiotrauma association, a collective of French sound artists which, in recent years, has gained notoriety for the quality and creativity of its often ground-breaking output. If there were any doubts as to Sonic Area’s talent and proficiency at sculpting highly immersive and organic sound constructs, especially after the release of his previous album « (insensé) », this is another (definite) proof of his skills and inventiveness. With « Explore » Sonic Area succeeded in surpassing expectations, which were comprehensibly set rather high after his previous album. With this aptly-titled release, Sonic Area takes the listener on a disturbing and involving exploratory journey to the dark corners of the human psyche, the areas where instincts such as primal fear reside. In a way, « Explore » can be compared to the best traditions of horror literature and cinema in that the subject matter is never approached directly but rather through a suspenseful narrative of sonic shadows which grabs the listener’s attention and effectively guides him to complete the picture with his own subconscious anxiety and fears. Throughout « Explore » there is a constant feeling of tension, that is never released, at best it is partially alleviated from time to time, only to be increased or replaced with a different sort of tension immediately afterwards. Sonic Area creates this effect through an excellent series of linked immersive soundscapes built around sound collages of masterfully chosen and assembled samples, permeated by haunting drones, minimal melodies, unnerving bass and impacting percussion. The seamless flow from the violence of « Que les larmes me viennent » to the fatalist « Les morsures d’octobre », through hallucinatory (« Les caresses de serpent ») and frightening (« Le silence me terrifie ») episodes as well as the antithesis of release which is « La petite mort », makes « Explore » even more addictive as an aural experience and enforces the notion that this album can only be truly appreciated as a whole. The surprise at the end of « Les morsures d’octobre » is also a nice (and somewhat unexpected) crowning touch to the album. Half-way through the year, the cocktail of tension and primal fear that is Sonic Area’s « Explore » is definitely one of the best releases to come out in 2007 and the confirmation of Arnaud Coeffic’s talent as a sound artist capable of creating organic and enveloping soundscapes, reminiscent of the works of David Lynch and H. P. Lovecraft. — Miguel de Sousa [10/10]

Transitmag
www.transitmag.ch
« Attention, le label français Audiotrauma nous sort une énième petite perle ! Sonic Area, side project d’Arco, l’un des membres de Chrysalide et de F.Y.D., revient avec ‘Explore’, un septième album qui porte plutôt bien son nom. En effet, dès le premier titre ‘Que Les Larmes Me Viennent’, diverses influences se mélangent, allant du hip hop à de l’indus, ce qui rend le titre captivant et sombre, sans pour autant devenir malsain. ‘Vertigineuse Évidence’ emprunte le même chemin, sans paroles cette fois, et avec un aspect plus cinématographique. On sent au long de ces morceaux une bonne influence du rappeur américain Dälek, mais brassée avec des sons plus noisy et avec des passages dark ambiant dignes de certains artistes de la Cold Meat Industry. Le reste des titres continue à mélanger les styles, faisant de chaque titre un nouveau voyage totalement imprévisible, passant du calme et planant au sombre et violent, en passant par le déstructuré. Si vous aimez donc vous faire surprendre et entraîner à travers une musique riche et variée, n’hésitez pas une seule seconde à vous procurer ‘Explore’ ! »

D-Side
« Explorer. Voila bien un terme qui colle a merveille a la musique du strasbourgeois SONIC AREA qui, depuis dix ans, sous cette identité ou au sein de F.Y.D. et CHRYSALIDE, opère une fusion des genres qui l’ont influencé. Ainsi, on trouve dans Explore des climats devant autant a l’indus old-school (SPK, davantage que l’indus allemand) au hip hop experimental qu’à l’electronica austère, à l’illbient qu’à la musique ethnique. Polychrome, mais tout en gardant une référence pour les nuances les plus sombres du spectre, Explore est un album sans oeillères, ce qui se fait de plus en plus rare, dont chaque titre est pratiquement un univers a part entiere. Selon les moments, les humeurs, on se plongera donc plutot dans les volutes asian des « Caresses de serpent », dans la secheresse hip hop de « Que les larmes me viennent » ou dans l’experimentation sensuelle des « Sublimes subtilités des tresors de ton corps ». En tout cas, on trouvera là largement de quoi satisfaire notre propre soif d’exploration. »
Jean-Francois Micard

Axess Code
Rythmes breakbeat, voix rapées, tension constante, c’est avec une ambiance de ghetto post-apocalyptique Dälekien, que débute « Explore » album très surprenant et déstabilisant de « Sonic Area ». On en attendait pas moins venant d’Arnaud Coeffic (co-fondateur d’Audiotrauma un des labels Indus/Noise français les plus actifs), qui mène à bien ce projet depuis une dizaine d’années. C’est à l’aide d’un traitement sonore en constante évolution, que l’artiste plonge l’auditeur dans un univers inconnu, où les premiers mots qui viennent à le décrire sont imprévisibilité et égarement (une des marques de fabriques d’Autechre, que l’on retrouve dans cette oeuvre à travers la déstructuration de la plupart des rythmes). On nous présente une sorte de phonographie d’un monde aux multiples visages et situations : certains moments vont nous sembler familiers voir une impression de « déjà vécu », d’autres totalement surréalistes ou encore cauchemardesques à la manière d’un David Lynch. La sérennité n’existe pas à proprement parler dans ce monde là. Elle ne subsiste qu’un cour instant sous la forme d’atmosphères plus légères, voir tribales ou ethniques (cf « Liqueurs inconnues » et « les caresses du serpent » mettant en scène un contraste extrême entre des rythmes secs, froids et corrosifs à souhait avec la châleur des racines et des traditions de l’homme), mais aucun relâchement n’est permis, rien n’étant fait pour apporter l’espoir ou le réconfort. Plus qu’à des idées, l’oeuvre fait appel au ressenti immédiat de l’individu, et place l’auditeur au centre de l’action : c’est le cas par exemple pour la plage « les sublimes subtilités des trésors de ton corps », où l’on est mis dans une situation intime qui devient rapidement gênante, ou encore pour le titre très ironique « Il ne faut pas avoir peur » qui procure ce que l’on imagine. C’est accompagné d’harmonies déviantes et de sonorités tranchantes, que se fait l’exploration d’un univers, qui serait en quelques sortes une synthèse très floue d’une société en perdition. La tension permanente qui y règne et la noirceur qui l’entoure à chaques instants, ne peuvent que pousser vers une issue inattendue, et en ce sens la conclusion donnée « les morsures d’octobre » confirme cette idée. Plus qu’un simple disque, « Explore » de Sonic Area est surtout une expérience hors normes, avec un univers qui lui est propre, et qui devrait en surprendre plus d’un. Inclassable mais déjà culte.
Mario ya masaki

Vx69 (punish yourself, cheerleader69)
Il y a des disques si évidents, si parfaitement construits, qu’on ne sait pas très bien quoi écrire dessus – à part qu’une fois l’album terminé, on n’a qu’une envie, le relancer. Le nouveau Sonic Area fait partie de cette catégorie. “ Explore ” – rarement disque aura aussi bien porté son nom – échappe aux descriptions classiques, se refuse à se laisser enfermer, étiqueter, analyser. Electronica ? Indus-ambient ? Hip-Hop ? Soundscapes ? Il y a de tout ça, et plus. Des rythmes urbains aux infra-basse redoutables, qui dansent sous les radiations de nappes analogiques, épaisses comme du béton vivant ; de vastes serpents électroniques, mi machines mi animaux, qui traversent des déserts post-apo peuplés de fantômes indiens, dont les chants filtrent de chaque pierre, de chaque carcasse de voiture calcinée. Ce disque convoque le feu et l’ombre, le métal brut et les circuits imprimés, l’eau lourde et les empreintes des âmes. Une alchimie parfaite de l’âge cybernétique, dans laquelle samples vocaux (j’ai rarement entendu travail aussi fin autour de la voix humaine découpée), échardes orchestrales ou ethniques, paysages sonores éthérés réussissent à se glisser à travers le maillage des lignes de force rythmique. Les images qui naissent à l’écoute des dix titres de ce disque sont à la fois terrifiantes et exaltantes : Sonic Area invente la musique post-rituelle, chamanise les esprits qui hantent les usines mortes. Avec une exigence sonore, une ascèse de la création, qui font de ce disque un des meilleur que j’ai entendu en 2007. L’électronique française avait déjà amorcé l’exploration des grands espaces d’un futur désolé avec Remain Silent, mais Sonic Area pousse très loin cette optique musicale désespérée pour en faire une musique de survie, d’émotion pure, face à l’indifférence d’un univers ravagé. Indispensable.

Chronique par ALBUM ROCK (lee)
Ce 10 septembre 2007, Audiotrauma, en collaboration avec Les Forces Alliées, firent trembler la Terre tels des lanceurs de poids surdimensionnés, en sortant Explore, second album de Sonic Area.
Mettez-donc le disque, après vous être confortablement installés, laissez-vous emporter par les sons, laissez-vous transporter par les ondes, et priez, surtout, pour ne jamais vous réveiller !Attention ce disque s’adresse à un public averti ! Par averti j’entends que l’auditeur doit s’attendre à l’impossible, à l’ingérable, à l’insurmontable effet de la dépendance. L’impétueux sample du titre « Les caresses de serpent » atteste de la position sécuritaire à adopter pour le voyage : « Close your eyes and try to imagine, forever… Hey for ever ! »
Sonic Area est une source musicale déversée par un seul homme, Arnaud Coëffic, seul commandant à bord de son navire. Ses flots d’eaux ruisselantes accomplissent des traversées dantesques jusqu’aux plus profondes matrices abyssales. La machine est le seul outil stratégique au projet artistique. Samplage, bidouillage, apprentissage, maîtrise, contrôle. De ces pratiques, non exhaustives, Sonic Area en connaît un rayon et même bien plus à l’écoute d’ Explore.
Comme il est indiqué précédemment, le début de l’album est déjà hautement addictif. Des cris entrechoqués dans « Que les larmes me viennent » laissent place à un gros beat injecté du rap de Scalper : « Even more cries ! » La deuxième chanson « Vertigineuse évidence » est une composition réalisée avec Ten Data Keshin, autre membre actif de la scène industrielle strasbourgeoise. La parfaite cohérence de ce morceau démontre un talent énorme dans le domaine de la création musicale par ordinateur. La piste suivante « Liqueurs inconnues » impose, quand à elle, une association d’influences programmées dans un vaste de réseau d’archives. Arnaud Coeffic saisit le titre avec un sample d’une interview d’Auterche duquel il tire son nom : « I’m just exploring sounds, sonic areas. » Comparées au premier album, les parties breakcore sont moins présentes mais audacieusement ajustées à une ambiance de film au décor industriel. Les titres sont riches. Divers sons sont découpés, recollés, éparpillés, puis examinés, triés, selectionnés lors d’un travail sur la maîtrise de la machine sans failles. Des voix samplées sur différents volumes viennent correspondre avec de bonnes rythmiques entraînantes.
Le reste de l’album s’inscrit dans un registre beaucoup plus ambiant. Mais il reste tout aussi bon ! En effet, on assiste à une montée en puissance irrésistible dans « La chute ascensionnelle », magnifique oxymore musical. Et les samples morbides, principalement tirés de films d’horreurs, cherchent vos névroses grâce aux associations libres. Vous saurez, à cette écoute, ce que signifie la peur et même ce qu’elle contient car vous serez oppressé tout au long du périple. Le titre « Il ne faut pas avoir peur » porte très bien son nom. De plus, il s’étire sur « Les morsures d’octobre », tout aussi effrayant et captivant. Allez, dernière petite sample-question pour conclure : « Are you hurt ? » Mais vous l’êtes déjà, non ? Sans même le savoir…
Un nouveau monde vous ouvre ses portes. Oserez-vous l’explorer ?

GOTHTRONIC.COM
(netherland)
Sonic Area (Arnaud Coeffic) is one of the co-founders of the Audiotrauma label and releases music (alone and together with other musicians) under various project names. You may already have heard of him due to his noise making with F.Y.D or the convincing industrial of Chrysalide. With Sonic Area he operates alone. With the help of some guest musicians (mainly vocalists), but the creations are all by his mind and hand. As early as 1997 did Arnaud Coeffic make his experimental music as Sonic Area and after the previous release “Insense” it took him three years to come with his latest: “Explore”.
“Explore” is presented in a spherical and nicely artworked sleeve and the tracks are introduced with pretentious titles. Arnaud Coeffic brings the listener an interesting combination of a wide range of musical styles and genres which he can bring to a surprisingly coherent mixture. The sound is warm and well-produced and there is an intimate as well as a desolate mood.
The most interesting feature of this release however is the way in which the various genres are intertwined: opening tune ‘Que Les Larmes Me Viennent’ is an industrial/rap track wth a convincing contribution of Scalper. The pleasing to the ear industrial tracks like ‘Vertigineuse Evidence’, ‘Liqueurs Inconnues’ and ‘La Chute Ascensionnelle’ are experimentally varied with electronica with a ethnic touch to it: ‘ Les Caresses De Serpent’ and ‘Les Sublimes Subtilites Des Tresors De Ton Corps’. To leave some room for a few spherical dark ambient tracks as well: ‘Le Silence Me Terrific’ and ‘Il Ne Faut Pas Avoir Peur’.
A good explanation of the mixture of styles on “Explore” comes from the audiotrauma label itself: “Imagine yourself sleeping in a lost factory built over sacred Indian burial grounds.”
I also have releases of F.Y.D and Chrysalide in my collection and although I absolutely love ‘Happiness’ on Crhysalide’s “Lost” Ep, I have to say that the creations of Sonic Area overall bring the biggest smile to my face. A convincing release by audiotrauma.
Band: Sonic Area(int)
Label: Audiotrauma
Genre: electronica (idm / electronica / technoid / breakcore )
Type: cd
Grade: 8
Review by: Ergo

Axess Code – Kortx
Nous connaissions déjà le collectif Audiotrauma pour ses activités d’organisation de concerts et festivals électroniques/indus sur Strasbourg et plus récemment à Vesoul, pour la première édition du Noxious art festival qui rassembla près de 1000 personnes et plus de 60 groupes sur deux jours le 21 juin 2004.
C’est donc une excellente surprise que de découvrir une production 100% Audiotrauma dans ce premier opus de SONIC AREA derrière lequel se cache l’énervé Arnaud Coëffic également aux commandes des projets F.Y.D et Chrysalide.
« Insensé », est donc un premier obus largué dans le paysage indus français, sorti en 2004 assez discrètement, il n’en demeure pas moins que cet album s’avère être l’un des plus aboutis de cette année dans la sphère des musiques électroniques underground.
Rythmiques plombées , samples hypnotiques « Tout porte à croire », les constructions sont riches, variées et terriblement efficaces ! on pense à Scorn, L’ombre, M2, Orphx , « Insensé » plonge l’auditeur dans un univers pensé, construit, organisé autour d’ambiances claustrophobiques qui transparaissent dans chacune des compositions dont se dégage une charge émotionnelle sans faille.
Les compositions s’enchaînent admirablement bien, l’atmosphère s’installe très vite et l’auditeur ne peut que se laisser guider, « La mémoire des yeux » s’ouvre sur une rythmique évoquant le meilleur de Scorn , les nappes apocalyptiques en plus , un magma sonore d’une définition pourtant impeccable . bluffant . Le traitement des séquences vocales est excellent et d’une maîtrise parfaite  « Les voix transpercées »  ce qui confère au titre un grain inimitable et une personnalité troublante de maturité pour un premier album.
A la fois homogène et riche, « Insensé » oscille entre ambiant  « Le silence brûle doucement »  titres percussifs, entêtants  « Le souffle immergé »  , ambiances cinématographiques poussées  « Le signal perdu »  et orchestrations déjantées  « Les langages hermétiques » .
« Insensé » recèle également quelques bombes rythmiques telles que « L’âme objet » terrifiant de puissance, des infras à vous scotcher par terre, à faire trembler vos vitres, servies par des nappes cristallines et envoûtantes. un mauvais trip lobotomisant d’efficacité, des plages atmosphériques lourdes et puissantes  « L’eau qui dort »  .
L’emploi d’un grand nombre de samples  cinéma , discours TV , musiques traditionnelles, toujours employés de manière subtile et à propos  témoigne d’une variété d’influences incroyable, d’un investissement émotionnel évident,  chose suffisamment rare dans le flot des productions électroniques pour mériter d’être souligné .
SONIC AREA s’impose comme l’un des plus talentueux artistes électroniques français, le seul regret qu’on peut avoir c’est la discrétion et l’humilité dont il fait preuve, se privant involontairement d’un public plus large qui succomberait instantanément à la richesse de l’univers d’ « insensé ».
A noter également les performances scéniques hors du commun, que ce soit pour SONIC AREA ou pour F.Y.D qui déploient une rage et une intensité incroyable.
Pour les curieux, les fans de musique novatrice et les amateurs d’expériences sonores hors du commun , visitez www.audiotrauma.org  possibilité de commande d’  » insensé  »  et découvrez l’un des viviers les plus intéressants de l’hexagone industriel, Sonic area , Brilliant beast, Echo 6, Chrysalide, Ten data keshin, Zenta ,Acrylik vous y attendent de pied ferme !

Defcore – Defflo
« Petite intro sur la remise en question d’une certaine logique établie qui annonce la couleur et l’état d’esprit du compositeur Arnaud Coëffic. Le jeu des contrastes est trés bien représenté dans les « jardins suspendus » où des sonorités indus cötoient de trés douces mélodies. « Les voix transpercées », un titre absolument original composé de samples d’un chant indien complètement découpé et restructuré. les sons s’enchainent comme dans un puzzle inmontable pour donner un résultat nettement plus jouissif que le simple fait de terminer un puzzle « normal ». Grandiose, saturé, claustrophobique, rythmique sèche et évolutive « la mémoire des yeux » nous incite à les fermer pour se laisser transporter dans un monde irréel jusqu’au titre suivant qui repart dans des nappes granuleuses avec des voix suggérées en fond qui rajoutent du myticisme dans une ambiance assez sombre du « silence brûle doucement » « Le souffle immergé » encore un titre tout en contraste avec une rythmique break brutale et tiraillée sur un son ambiant planant pour finir sur un « signal perdu ». « L’équilibre dérangé » est plus expérimental avec un mélange de sons qui scratchent qui craquent qui zippent qui caquettent ( je sais même pas si ça se dit tout ça et toujours cette nappe persistante dans le fond toujours aussi sinueuse. « Les langages hermétiques » est un titre qui a l’air tout gentil comme ça, tout doux, des petites rythmiques chatoyantes nous donnent le sourire jusqu’à ce que l’opression d’infra-sonorités viennent vous mettre mal à l’aise petit à petit ces sons que l’on ne perçoit pas tout de suite mais qui sont là pourtant … ssssssssiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii….. La lenteur de « l’âme objet » donne une force incroyable aux basses qui entrecoupe et donnent le ton à toute une garniture de sons médiévo-électros pour une fin complètement surprenante : quelques notes de piano. (merde je sais fallait pas dire la fin !! y a plus de suspens là !!) « l’eau qui dort » c’est l’eau qui meurt et la noirceur et l’ambiance de ce son nous le fait bien ressentir. « Le mur des sons » (t’enflamme pas, ôô teuffeur !! c pas de la tribe) l’usine, l’indus !! ça crache … on rentre dans la machine répétitive et on se laisse encore surprendre lorsque tout s’arrête … puis repart … puis s’arrête … « nous n’avons pas d’autre choix » … que la résistance : c’est agir ou disparaitre » le message est lancé !! clair, net et précis … non stop !! et la bande son est à pleurer tant elle est originale et surprenante puis grosse montée instrumentale dans le délire des Beatles dans « Sergent Peppers » (sisi je peux comparer car c’est carrément aussi bon). La raison des fous est le deuxième titre que j’affectionne le plus particulièrement dans cet album. La voix qui fait « hmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm » tout au long du morceau rend ce morceau complètement étrange et psychotique !! Un rythme breakcore accentue le phénomène. Et retour dans le monde réel avec le dernier titre qui nous fait décrocher tout doucement de cet univers absolument magnifique. Cet album est aujourd’hui pour moi une référence que j’écoute régulièrement alors hésitez pas à vous le procurer !! en attendant il y a quelques titres en download par ici :
http://twinkleaudiotrauma.free.fr/sonicarea.htm

review « insensé » industrial.org
really dig the cover art for this Sonic Area disc. It’s this grainy grey and black abstract image that makes me think of some of Man Ray’s more abstract stuff. The music that accompanies the cover fits it like a glove. It may not be as dark as the images, but it’s definitely as cold and sinister.
There is a total of 16 tracks featured on « Insense », with a running time of about 48 minutes. The audio here is very slick yet gritty idm that isn’t afraid to let the distortion knob linger on the beats for awhile. A lot of reverb is used to give the tracks a very large, very warm sound, and the production is totally immaculate. You never really hear the same things twice here, even though it mostly stays in the mid tempo beat driven realm.
The music shifts from dark ambient to glitch, from cut up to experimental and from symphonic soundscapes to pure powernoise. The only constant are the smoothly executed idm beats and the occasional sample, and in a few instances those are abandoned to focus on the soundscape material.
There really isn’t anything I can slag this cd for. This is some very nice idm with a lot of substance and thought in it. Definitely recommended.

Sandswept /Connexion Bizarre
http://www.connexionbizarre.net/reviews/r_sonicarea_insense.htm
« Insensé, » the latest release from Audiotrauma co-founder Sonic Area, is a bold, bewildering expedition rooted in the restless underworld of deeply fractured dark ambient and unnerving illbient. Intensely urban and claustrophobic to the point of antipathy, the music incessantly delivers thickly tactile grooves and patiently malevolent broken beats over the course of sixteen brilliant tracks. It seems « Insensé » aims at subconscious vulnerability – the listener is never quite sure where the next bass-heavy drop will plunge or dissonant chord will stumble against layered drones and eerie, shuddering drums. From the outset (brooding « Les Jardins Suspendus »), it is characterized by statically charged ambient textures and passages barely constrained by surprisingly accessible downtempo beat-oriented sounds. Often added to this rich mélange is a menacing undercurrent of half-heard spectral voices bubbling upward (« Le Silence Brûle Doucement »), or spoken words cutting in more clearly and abruptly against a suspended tone or acid squeal. To underscore the apparent disturbing objective of « Insensé, » a voice in « La Raison Des Fous » repeats paranoid over and over, and « La Mémoire Des Yeux » begins with the words there’s something here… do you see anything? Sonic Area is not afraid to break new ground, as « Les Voix Transpercées » is a fascinating excursion into carefully crafted and manipulated human voices. These wavering and organic constructions add not only a manifest element of human character but also arresting originality to « Insensé. » Following this theme further, « Nous N’avons Pas D’autres » includes a woman’s voice, perhaps infused with desperation, endlessly looping in opposition to an unfamiliar, repetitive fragment of melody spilling from an exotic Middle Eastern bazaar. With each recurrence, Sonic Area demonstrates that disconcerting juxtapositions such as these are the bedrock upon which « Insensé » expands and thrives. Through unsettling barrages of grinding and penetrating bass, drones of fizzing, maladjusted circuitry, and raw downtempo percussion, « Insensé » itself seems purged. When the final track (« Le Réel ») trails off into oblivion, with the cyclical fuzziness of a record left to spin idly on a turntable, the listener is left slack-jawed and cathartic in the wake of Sonic Area’s skillful ministrations on this darkly intoxicating recording. — Sandswept [10/10]